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Capitale viticole

Les vignes de Barr sont mentionnées, pour la première fois, dans un document de l’abbaye de Fulda. Abbaye que l’on retrouve dans d’autres terroirs du vignoble alsacien dont plusieurs sont à l’origine de «Grands Crus d’Alsace» actuels. La nature particulière du Kirchberg prédisposait ses vins à figurer à la toute première place de cette catégorie.

Au XVIe siècle, il y avait à Barr près de 600 viticulteurs qui vivaient du fruit de la vigne. En 1902, ils étaient encore 165 à tirer l’essentiel de leurs revenus de l’activité viticole. Aujourd’hui, ils sont moins d’une dizaine. C’est à Barr qu’a eu lieu la première foire aux vins d’Alsace en 1906. Si la ville revendique, aujourd’hui, le titre de «capitale viticole», c’est notamment en référence à une époque où il existait chez elle une véritable symbiose entre la culture du vin et les autres activités de la commune. Barr, dont les origines remontent au temps des Celtes, a connu plusieurs sièges et diverses catastrophes inhérentes aux guerres qui ont secoué l’histoire d’Alsace. Rattachée à la France en 1680, elle deviendra, trois siècles après, un important centre industriel, avec la teinturerie, la filature et la tannerie, entre autres.

 

« Cependant, le travail en usine n’empêchait pas de faire son vin« , raconte Marie-Anne Hickel, historienne. « Un passé qui ressurgit encore dans la partie ancienne de la ville adossée à la pente du Kirchberg, il se reflète au travers des maisons traditionnelles, le long des ruelles qui grimpent en direction des «champs» de vignes. Au centre ancien, l’Hôtel de Ville conserve des vestiges du temps où la vocation viticole s’exprimait au quotidien. Le clocheton qui le surmonte, construit en 1640, et la cloche, témoignent de la parfaite organisation du commerce des vins, jadis, à Barr ». « Autrefois », raconte toujours Marie Anne Hickel, « chaque fois qu’un acheteur se présentait en ville, on faisait sonner la cloche pour avertir le gourmet. Celui-ci amenait le client à la cave, lui faisait goûter le vin et en fixait le prix. Il garantissait aussi la qualité du vin, et tout porte à croire, convient-elle, qu’il exerçait ses fonctions avec la plus grande équité, puisque aucune plainte à leur égard n’a jamais été enregistrée. Vin et droiture faisaient cause commune. Les statues qui ornent le pignon de l’Hôtel de Ville sont là pour en convaincre les sceptiques : la Justice avec la balance et l’épée, une jeune femme qui porte une cruche et une autre un rameau d’olivier (…)« . Aujourd’hui, les touristes se promènent sur la colline du Kirchberg, où, dit-on, fut planté le premier pied de Gewurztraminer alsacien d’où ils découvrent un très beau sentier viticole. « 

« Le Grand Cru Kirchberg de Barr est un des Grands Crus les plus renommés d’Alsace, qui donne naissance à des Riesling, Pinot Gris et Gewurztraminer de grand caractère. Les coteaux particulièrement pentus sont exposés sud-est et dominent la Ville de Barr à une altitude moyenne de 260 mètres. Le terroir est profond, sur des sols marno-calcaires et argilo-calcaires donnant des vins d’excellente structure, de fraîcheur et d’intensité aromatique inégalées. Avec le temps, ces vins gagnent particulièrement en complexité, finesse et minéralité. »